Celui qui doit mourir ce soir dans les tranchées C'est un petit soldat dont l'oeil indolemment Observe tout le jour aux créneaux de ciment Les Gloires qui de nuit y furent accrochées Celui qui doit mourir ce soir dans les tranchées C'est un petit soldat mon frère et mon amant
Et puisqu'il doit mourir je veux me faire belle Je veux de mes seins nus allumer les flambeaux Je veux de mes grands yeux fondre l'étang qui gèle Et mes hanches je veux qu'elles soient des tombeaux Car puisqu'il doit mourir je veux me faire belle Dans l'inceste et la mort ces deux gestes si beaux
Les vaches du couchant meuglent toutes leurs roses L'Aile de l'oiseau bleu m'évente doucement C'est l'heure de l'Amour aux ardentes névroses C'est l'heure de la Mort et du dernier serment Celui qui doit périr comme meurent les roses C'est un petit soldat mon frère et mon amant
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Mais Madame écoutez-moi donc Vous perdez quelque chose - C'est mon coeur pas grand-chose Ramassez-le donc Je l'ai donné je l'ai repris Il fut là-bas dans les tranchées Il est ici j'en ris j'en ris Des belles amours que la mort a fauchées
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L'espoir flambe ce soir comme un pauvre village Et qu'importe le Bagne ou bien le Paradis L'amour qui surviendra me plaira davantage Et mes yeux sont-ce pas de merveilleux bandits
Puis quand malgré l'amour un soir je serai veille Je me rappellerai la mer les orangers Et cette pauvre croix sous laquelle sommeille Un coeur parmi des coeurs que la gloire a vengé
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Et tandis que la lune luit Le coeur chante et rechante lui Mesdames et Mesdemoiselles Je suis bien mort Ah quel ennui Et ma maîtresse que est-elle Morte en m'aimant la nuit
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Mais écoutez-les donc les mélopées Ces médailles si bien frappées Ces cloches d'or sonnant des glas Tous les muguets tous les lilas
Ce sont les morts qui se relèvent Ce sont les soldats morts qui rêvent Aux amours qui s'en sont allés Immaculés Et désolés
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- Le 13 mai de cette année Tandis que dans les boyaux blancs Tu passais masquée ô mon âme Tu vis tout d'un coup les morts et les vivants Ceux de l'arrière ceux de l'avant Les soldats et les femmes Un train passe rapide dans la prairie en Amérique Les vers luisants brillent cette nuit autour de moi Comme si la prairie était le miroir du ciel Étoilé Et justement un ver luisant palpite Sous l'Étoile nommée Lou Et c'est de mon amour le corps spirituel Et terrestre Et l'âme mystique Et céleste
[ I ] Avant d'entrer dans ma cellule Il a fallu me mettre nu Et quelle voix sinistre ulule Guillaume qu'es-tu devenu
Le Lazare entrant dans la tombe Au lieu d'en sortir comme il fit Adieu adieu chantante ronde Ô mes années ô jeunes filles
[ II ] Non je ne me sens plus là Moi-même Je suis le quinze de la Onzième
Le soleil filtre à travers Les vitres Ses rayons font sur mes vers Les pitres Et dansent sur le papier J'écoute Quelqu'un qui frappe du pied La voûte
[ III ] Dans une fosse comme un ours Chaque matin je me promène Tournons tournons tournons toujours Le ciel est bleu comme une chaîne Dans une fosse comme un ours Chaque matin je me promène
Dans la cellule d'à côté On y fait couler la fontaine Avec les clefs qu'il fait tinter Que le geôlier aille et revienne Dans la cellule d'à côté On y fait couler la fontaine
[ IV ] Que je m'ennuie entre ces murs tout nus Et peints de couleurs pâles Une mouche sur le papier à pas menus Parcourt mes lignes inégales
Que deviendrai-je ô Dieu qui connais ma douleur Toi qui me l'as donnée Prends en pitié mes yeux sans larmes ma pâleur Le bruit de ma chaise enchaînée
Et tous ces pauvres coeurs battant dans la prison L'Amour qui m'accompagne Prends en pitié surtout ma débile raison Et ce désespoir qui me gagne [ V ] Que lentement passent les heures Comme passe un enterrement Tu pleureras l'heure où tu pleures Qui passera trop vitement Comme passent toutes les heures
[ VI ] J'écoute les bruits de la ville Et prisonnier sans horizon Je ne vois rien qu'un ciel hostile Et les murs nus de ma prison
Le jour s'en va voici que brûle Une lampe dans la prison Nous sommes seuls dans ma cellule Belle clarté Chère raison
其中的粗体部分被肖斯塔科维奇选作歌词。另外,红色部分歌词可能由于俄文翻译的原因顺序有颠倒。在海丁克的版本中,这四句的演唱顺序是: Adieu adieu chantante ronde Ô mes années ô jeunes filles Le Lazare entrant dans la tombe Au lieu d'en sortir comme il fit
第八乐章《Réponse des cosaques zaporoguesau sultan de Constantinople》(译为《扎波罗什哥萨克人给康斯坦丁堡苏丹的答复》)出自阿波利奈尔诗集《烧酒集》中的著名长诗《La Chanson du Mal-aimé》(译为《失恋者之歌》)。这部诗作大气蓬勃,是阿波利奈尔最负盛名的两部作品之一(另一部是《米拉波桥》)。肖斯塔科维奇选用的这一节诗是长诗的外篇(具有相对独立性),在通常的节本中并不载。因而,国内常见的《失恋者之歌》的译本并没有这一部分(全译本我只见过锡兵在网上发布的译本)。肖斯塔科维奇使用的是库迪诺夫(М.Кудінов)的俄译本。
第八乐章歌词: Ответ запорожских казаков Константинопольскому султану
Ты преступней Варравы в сто раз, С Вельзевулом живя по соседству. В самых мерзких грехах ты погряз. Нечистотами вскормленный с детства. Знай, свой шабаш ты справишь без нас.
Рак протухший, Салоник отбросы, Скверный сон, что нельзя рассказать! Окривевший, гнилой и безносый, Ты родился, когда твоя мать Извивалась в корчах поноса.
Злой палач Подолья, взгляни: Весь ты в ранах, язвах и струпьях. Зад кобылы, рыло свиньи, Пусть тебе все снадобья скупят. Чтоб лечил ты болячки свои!
Et je chantais cette romance En 1903 sans savoir Que mon amour à la semblance Du beau Phénix s'il meurt un soir Le matin voit sa renaissance.
Un soir de demi-brume à Londres Un voyou qui ressemblait à Mon amour vint à ma rencontre Et le regard qu'il me jeta Me fit baisser les yeux de honte
Je suivis ce mauvais garçon Qui sifflotait mains dans les poches Nous semblions entre les maisons Onde ouverte de la Mer Rouge Lui les Hébreux moi Pharaon
Oue tombent ces vagues de briques Si tu ne fus pas bien aimée Je suis le souverain d'Égypte Sa soeur-épouse son armée Si tu n'es pas l'amour unique
Au tournant d'une rue brûlant De tous les feux de ses façades Plaies du brouillard sanguinolent Où se lamentaient les façades Une femme lui ressemblant
C'était son regard d'inhumaine La cicatrice à son cou nu Sortit saoule d'une taverne Au moment où je reconnus La fausseté de l'amour même
Lorsqu'il fut de retour enfin Dans sa patrie le sage Ulysse Son vieux chien de lui se souvint Près d'un tapis de haute lisse Sa femme attendait qu'il revînt
L'époux royal de Sacontale Las de vaincre se réjouit Quand il la retrouva plus pâle D'attente et d'amour yeux pâlis Caressant sa gazelle mâle
J'ai pensé à ces rois heureux Lorsque le faux amour et celle Dont je suis encore amoureux Heurtant leurs ombres infidèles Me rendirent si malheureux
Regrets sur quoi l'enfer se fonde Qu'un ciel d'oubli s'ouvre à mes voeux Pour son baiser les rois du monde Seraient morts les pauvres fameux Pour elle eussent vendu leur ombre
J'ai hiverné dans mon passé Revienne le soleil de Pâques Pour chauffer un coeur plus glacé Que les quarante de Sébaste Moins que ma vie martyrisés
Mon beau navire ô ma mémoire Avons-nous assez navigué Dans une onde mauvaise à boire Avons-nous assez divagué De la belle aube au triste soir
Adieu faux amour confondu Avec la femme qui s'éloigne Avec celle que j'ai perdue L'année dernière en Allemagne Et que je ne reverrai plus
Voie lactée ô soeur lumineuse Des blancs ruisseaux de Chanaan Et des corps blancs des amoureuses Nageurs morts suivrons-nous d'ahan Ton cours vers d'autres nébuleuses
Je me souviens d'une autre année C'était l'aube d'un jour d'avril J'ai chanté ma joie bien-aimée Chanté l'amour à voix virile Au moment d'amour de l'année
- AUBADE - CHANTÉE A LÆTARE, UN AN PASSÉ
C'est le printemps viens-t'en Pâquette Te promener au bois joli Les poules dans la cour caquètent L'aube au ciel fait de roses plis L'amour chemine à ta conquête
Mars et Vénus sont revenus Ils s'embrassent à bouches folles Devant des sites ingénus Où sous les roses qui feuillolent De beaux dieux roses dansent nus
Viens ma tendresse est la régente De la floraison qui paraît La nature est belle et touchante Pan sifflote dans la forêt Les grenouilles humides chantent - -
Beaucoup de ces dieux ont péri C'est sur eux que pleurent les saules Le grand Pan l'amour Jésus-Christ Sont bien morts et les chats miaulent Dans la cour je pleure à Paris
Moi qui sais des lais pour les reines Les complaintes de mes années Des hymnes d'esclave aux murènes La romance du mal aimé Et des chansons pour les sirènes
L'amour est mort j'en suis tremblant J'adore de belles idoles Les souvenirs lui ressemblant Comme la femme de Mausole Je reste fidèle et dolent
Je suis fidèle comme un dogue Au maître le lierre au tronc Et les Cosaques Zaporogues Ivrognes pieux et larrons Aux steppes et au décalogue
Portez comme un joug le Croissant Qu'interrogent les astrologues Je suis le Sultan tout-puissant O mes Cosaques Zaporogues Votre Seigneur éblouissant
Devenez mes sujets fidèles Leur avait écrit le Sultan Ils rirent à cette nouvelle Et répondirent à l'instant A la lueur d'une chandelle
- RÉPONSE DES COSAQUES ZAPOROGUES AU SULTAN DE CONSTANTINOPLE -
Plus criminel que Barrabas Cornu comme les mauvais anges Quel Belzébuth es-tu là-bas Nourri d'immondice et de fange Nous n'irons pas à tes sabbats
Poisson pourri de Salonique Long collier des sommeils affreux D'yeux arrachés à coup de pique Ta mère fit un pet foireux Et tu naquis de sa colique
Bourreau de Podolie Amant Des plaies des ulcères des croûtes Groin de cochon cul de jument Tes richesses garde-les toutes Pour payer tes médicaments
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Voie lactée ô soeur lumineuse Des blancs ruisseaux de Chanaan Et des corps blancs des amoureuses Nageurs morts suivrons-nous d'ahan Ton cours vers d'autres nébuleuses
Regret des yeux de la putain Et belle comme une panthère Amour nos baisers florentins Avaient une saveur amère Qui a rebuté nos destins
Ses regards laissaient une traîne D'étoiles dans les soirs tremblants Dans ses yeux nageaient les sirènes Et nos baisers mordus sanglants Faisaient pleurer nos fées marraines
Mais en vérité je l'attends Avec mon coeur avec mon âme Et sur le pont des Reviens-t'en Si jamais revient cette femme Je lui dirai Je suis content
Mon coeur et ma tête se vident Tout le ciel s'écoule par eux O mes tonneaux des Danaïdes Comment faire pour être heureux Comme un petit enfant candide
Je ne veux jamais l'oublier Ma colombe ma blanche rade O marguerite exfoliée Mon île au loin ma Désirade Ma rose mon giroflier
Les satyres et les pyraustes Les égypans les feux follets Et les destins damnés ou faustes La corde au cou comme à Calais Sur ma douleur quel holocauste
Douleur qui doubles les destins La licorne et le capricorne Mon âme et mon corps incertain Te fuient ô bûcher divin qu'ornent Des astres des fleurs du matin
Malheur dieu pâle aux yeux d'ivoire Tes prêtres fous t'ont-ils paré Tes victimes en robe noire Ont-elles vainement pleuré Malheur dieu qu il ne faut pas croire
Et toi qui me suis en rampant Dieu de mes dieux morts en automne Tu mesures combien d'empans J'ai droit que la terre me donne O mon ombre ô mon vieux serpent
Au soleil parce que tu l'aimes Je t'ai menée souviens-t'en bien Ténébreuse épouse que j'aime Tu es à moi en n'étant rien O mon ombre en deuil de moi-même
L'hiver est mort tout enneigé On a brûlé les ruches blanches Dans les jardins et les vergers Les oiseaux chantent sur les branches, Le printemps clair l'avril léger
Et moi j'ai le coeur aussi gros Qu'un cul de dame damascène O mon amour je t'aimais trop Et maintenant j'ai trop de peine Les sept épées hors du fourreau